Reese ▌F I N I E;;

La chance sourit parfois aux plus méchants... c'est une phrase qui devrait devenir mythique, universelle et véridique. Oui, et Constance en était en ce moment même le parfait exemple. Certes, elle faisait un peu trop d'allers retours vers l'Enfer à son goût, mais c'était sûrement pour la bonne cause. Revenons quelques années en arrière, à peine sortie de l'Enfer, Constance est automatiquement assignée aux petits jobs pourris de dame Lilith. Son premier travail histoire de tester la confiance de la démone, est d'aller chercher une petite âme, tristement enchaînée à l'Enfer par un pathétique petit pacte de rien du tout... encore un besoin maladif de tout contrôler, décidément, ces humains... ils étaient souvent pires que les démons, pour ce qui était de leur profit personnel, cela n'en faisait aucun doute... Arrivée chez la gentille Damoiselle en détresse car quasiment continuellement harcelée par les "whouf whouf" infernaux, Constance ne comptait certainement pas s'en tenir au petit protocole bien ennuyeux et certainement pas amusant. Non, il fallait un peu de piment, quelque chose pour donner du goût à la fadeur d'ouvrir une porte pour laisser entrer des chiens invisibles pour les humains mais en vérité... assez flippant pour ceux qui avaient le malheur de pouvoir les voir, et ensuite les regarder déchiqueter en petit bout de chair et de tripes leurs victimes. Non, elle avait décidé de s'amuser aussi et à cette époque, alors que les tortures qu'elle avait subies en Enfer étaient encore bien plus fraîches, elle avait été pleine de ressources pour faire souffrir la petite humaine face à elle, des choses... indescriptibles et inimaginables qui selon vous, ne peuvent être trouvées et appliquées que par le cerveau tordu d'un démon tout juste échappé de sa damnation éternelle. Manque de chance ou bon amusement pour Constance, cette petite dame était morte - oui, sous bien d'atroces souffrances pour finalement être seulement achevée par les toutous de Lilith - en laissant derrière elle un héritage. Une gosse, bien entendu en soif de réponses : c'est vraiment terrible de laisser une gamine dans les questionnements et la peur, non ? Alors la gentille démone dans son humanité passagère avait décidé donc de révéler toute la vérité crue et bien atroce à la gamine... qui depuis, avait bien sûr, encore par profit personnel de simple vengeance, juré de la tuer sans aucune forme de procès, ce qui n'était pas vraiment louable. En quelques années, la petite gamine au regard plein de larmes était très vite devenue une jeune fille, au regard certes farouche mais cachant bien des faiblesses que Constance avait toujours su déceler, quelque part. Oui... et cette magnifique grande fille avait bon nombre de fois essayé de venir à bout de la méchante démone responsable de la mort de sa "moman"... mais sans jamais y parvenir... manque de maturité sans doute. Pourtant, ces petites rencontres avaient toujours plu à la démone qui se délectait à chaque fois de donner encore plus de détails sur les longues tortures qu'elle avait infligé à la pauvre femme humaine et fragile avant de finalement laisser les toutous grognons faire leur petit job.

Des détails qui, comme prévu selon la faiblesse humaine, ne faisaient que mettre encore plus en rogne la petite chasseuse qui s'énervait inutilement, gaspillant de l'énergie comme une mouche qui essaye désespérément d'échapper à la mort qui l'attend... la comparaison est un peu sifflante, mais elle est très ressemblante. Mais ne voilà-t-il pas qu'en grandissant telle une fleur qui s'épanouit que la jeune et pleine de hardiesse chasseuse croise le chemin d'un beau jeune homme à l'air de prince charmant... et à la mémoire défaillante, pauvre petit. Aimante et attentionnée comme une âme en peine, la jolie chasseuse tellement éprise du beau prince décide... d'une manière alors complètement irréfléchie et immature de vendre sa précieuse âme pour rendre la mémoire à son beau jeune homme. Que de hasard ! C'est sans doute dans les gênes... cette idée de passer des pactes. Constance s'était alors fait un plaisir de venir, après à peine un jour d'attente, pour venir chercher l'âme de la si petite fille devenue grande mais n'ayant pas vraiment muri dans son petit cerveau. Apparemment, il n'y avait que les démons qui savaient que l'Enfer ne valait pas le coup d'être subie pour aider les autres... pauvres humains innocents et tellement crétins à croire pouvoir tout braver. Ils n'avaient vraiment aucune idée de ce que l'Enfer viendrait leur offrir en cadeau de bienvenue... certainement pas des cocktail et des palmiers, bien qu'il fasse bien chaud dans les pires profondeurs de l'Enfer. M'bref... cela faisait quelques jours que Constance rendait donc visite à son âme préférée... rien que pour combler parfois un petit trou dans sa journée... normal, une heure terrestre comblait bien une journée infernale... c'était donc pendant ses pauses déjeuner que la démone rendait visite à sa chère ennemie désormais incapable de la contrer et condamnée, après bien des années, à devenir comme elle et elle aussi, à tuer des mères, des pères et des enfants... c'était ainsi, on ne pouvait pas tuer quelqu'un sans tuer un ami de quelqu'un ou un père d'une petite fille alors abattue par cette disparition inexpliquée. Enfin bref... ces derniers temps, les Enfers étaient en fusion, le dernier Sceau était presque brisé et l'Apocalypse se sentait dans les tréfonds de la terre mais Constance ne revenait dans les pires bassesses du monde que pour s'occuper l'esprit... si sa chère chasseuse venait à mourir, elle avait toutes les possibilités de la ramener à la vie, chose qu'elle ne pouvait pas faire avec les petits humains sur terre et qui parfois, rendait les jeux plus amusants. Arrivant alors comme tous les jours pour tenir ne serait-ce qu'un petit moment compagnie à la jeune chasseuse désormais feue chasseuse, Constance eut un sourire en la voyant, toujours au même endroit, toujours l'esprit embrumé par les raisons de sa venue mais aussi par sa présence ici : oui, il était beaucoup plus facile de lire l'esprit des gens alors qu'ils souffraient le martyre. Dégustant à nouveau son regard noir, la démone la fixa un moment, sans ciller, sans bouger, un sourire toujours fixé sur les lèvres... comme tous les jours depuis un petit moment. Arquant un sourcil fin, Constance finit par lâcher la fille du regard tout en gardant le même air narquois et sure d'elle... elle aimait beaucoup prendre cet air... juste pour embêter les gens.

Toujours là ? Mais... tu as raison, on ne change pas les bonnes habitudes... n'est-ce pas ?

Elle eut un sourire encore plus large avant de faire à nouveau face à la petite humaine aujourd'hui condamnée à rester ici... et à se changer en démon dans les pires souffrances connues sur terre et dans les Cieux, c'était ainsi que ça marchait et pour ça, Constance était toujours pleine de ressource.